jeudi 22 avril 2010

Hommage à Tchikaya U Tam'si

Le mois d'avril est le mois des commémorations, après Aimé Césaire, Tchicaya U Tam'si, dont on a célébré le 20e anniversaire de sa mort en 2008. Impossible de rester en marge de cette célébration. Voici donc ci-dessous l'article que j'avais publié sur mon ancien blog. Noël Kodia de son côté avait lui aussi préparé quelque chose, nous avions alors décidé de fondre nos deux articles en un seul. Vous le trouverez ici .

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1988 disparaissait celui qui est considéré comme l'un des plus grands poètes francophones, si tant est que la grandeur d'un auteur se mesure à l'intensité de la lumière diffusée par son œuvre. Celle de Gérald-Félix Tchicaya, dit Tchicaya U Tam'si, brille par sa singularité, par sa force et sa capacité à provoquer « l'intranquillité du lecteur »1. Son œuvre, nous ne dirons pas, comme on l'a souvent répété, qu'elle est hermétique. A ce propos Tchicaya disait : « Si les gens me trouvent laid, je ne peux pas les convaincre du contraire. Ils essaient peut-être de me trouver difficile pour ne pas entendre ce que je dis. »2 Nous dirons pour notre part que son oeuvre diffuse une lumière parfois trop forte, aveuglante au point qu'on doive avancer à tâtons pour y pénétrer. Les grands hommes ont souvent été incompris de leurs contemporains, c'est après leur disparition qu'un travail de vulgarisation est effectué. Pourtant Tchicaya fut reconnu par ses pairs. Qu'on se souvienne de la préface de L. S. Senghor à Epitomé, le père de la Négritude y dit son enthousiasme dans des mots qui se passent de commentaire :

« Voilà quelque vingt ans que je lis des poèmes de jeunes Nègres. Que de papiers ! que de cris vengeurs ! que d'éloquence ! [...] Mais Le mauvais sang de Tchicaya m'avait frappé en 1955, m'était entré dans la chair, jusqu'au cœur. Il avait le caractère insolite du message. Et plus encore Feu de brousse, avec ses déchirures fulgurantes, ses retournements soudains, ses cris de passion. J'avais découvert un poète bantou. Car, comment être poète, comment être le porteur d'un message, si l'on n'est d'abord soi ? Tchicaya est un Bantou du Congo : petit mais solide, timide et têtu, sauvage dans la brousse de sa moustache, mais tendre : pour tout dire, un homme de rêve et de passion »3



Tchicaya était donc en quelque sorte un messager des dieux, un Hermès des temps modernes, mais son message ne fut pas compris de tous. Le bilan que dressait en 1993 Jean-Pierre Biyiti bi Essam, de l'Université de Yaoundé, est toujours d'actualité : « l'œuvre tchicayenne est, aujourd'hui encore, une œuvre enclavée, une œuvre à l'état sauvage : peu connue, mal connue, parfois même inconnue. »4



Parmi les causes de cette méconnaissance, il faut signaler la difficulté d'accession à son œuvre : ses romans par exemple sont tous épuisés et n'ont pas encore été réédités, il faut faire le tour des bibliothèques pour en trouver un exemplaire. Quelques uns de ses recueils de poésie par contre ont été réédités et sont disponibles. Mais la raison essentielle de cette méconnaissance demeure la nécessité de ''déchiffrer'' un message qui ne se livre pas d'emblée. Ce serait dommage de tourner le dos à un si grand auteur parce qu'on ne ''l'entend'' pas. "J'habitais un pays de musique / inaccessible à toute oreille..." 5, dit le poète dans Arc musical. En cette date anniversaire de sa mort, pourquoi ne pas disposer notre oreille à entendre la musique de Tchicaya U Tam'si ? 20 ans jour pour jour après sa disparition, il importe de l'extirper des « palais insonores de l'oubli ».6


Oui, il a fallu que survienne le 20e anniversaire de sa mort pour que je m'oblige à prendre le chemin qui devait me conduire à son âme. Cette âme, je l'ai trouvée palpitante de vie dans celles de ses œuvres auxquelles j'ai pu accéder : Le mauvais sang, Feu de brousse, A triche-cœur, Epitomé, Arc musical. Ces poésies, je les ai goûtées, je les ai ruminées, jusqu'à ce que j'entende ''la musique''. Ce n'est pas La musique de Yukio Mishima, mais c'est tout comme. En effet, on croit être frigide et puis la sensualité se révèle à vous. Les échos de l'hermétisme de Tchicaya étaient parvenus jusqu'à moi, et je redoutais le moment de la rencontre avec lui : allais-je buter contre une coque ou découvrir la texture électrique de son dire ?

Cette rencontre, je ne pouvais absolument plus l'éluder, la repousser, surtout après m'être engagée dans la littérature sur le double plan de l'écriture et de la critique. A l'approche du 20e anniversaire de son « retour au pays natal », je veux dire le pays originel, j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée frapper à sa porte, comme devant la caverne d'Ali-Baba. Là, tout en frappant, j'ai prononcé ces paroles magiques : « Tchicaya U Tam'si, ouvre-toi ! » Comme par miracle, la porte de son univers s'est ouverte et, très vite, j'ai raflé quelques pièces pour les montrer, comme des trophées, à mes lecteurs.

Ce qui m'a le plus enchanté, surtout après avoir lu Les fruits si doux de l'arbre à pain, c'est le phrasé taillé dans la pierre poétique, c'est cette parole ailée qui délaisse très vite le langage commun pour s'élancer vers les beautés célestes de la prose faite poésie. Tchicaya est d'abord et avant tout pour moi un auteur qui a fait de la poésie et de la prose deux sœurs jumelles, deux sœurs inséparables.


Ses poèmes ne comportent ni les pauses syntaxiques, ni les respirations qui ailleurs forgent le sens de l'énoncé, c'est au lecteur de prendre ce magma de paroles à bras-le-corps et de lui faire prendre le cours qui mènera au sens.

J'apprécie la rupture qu'instaure l'auteur dans les habitudes du lecteur. La rupture, c'est aussi cette façon de tromper les attentes du lecteur en ce qui concerne certaines expressions, auxquelles il donne une fraîcheur et un sens nouveau : « lutte de crasses » (au lieu de : lutte de classe), « fruits escroqués » (plutôt que ''croqués''), « grappe de miel » (alors qu'on est habitué à la ''grappe de raisins''). Cette paronymie implicite, le béninois Florent Couao-Zotti en use également et c'est pourquoi je l'apprécie.


Tchicaya U Tamsi, tu étais la « petite feuille qui chante pour son pays », moi je suis le lys qui pousse dans la vallée congolaise, et qui veut te redonner de l'éclat. Mais d'ailleurs, qui dit que tu l'as perdu ?



Notes

1. Boniface Mongo-Mboussa, "Tchicaya U Tam'si : notre premier poète moderne", texte paru dans la revue Cultures Sud, numéro de jan-mars 2007.

2. Propos recueillis par Jean-Pierre Biyiti bi Essam au cours d'un entretien privé avec Tchicaya, in Les Journées Tchicaya, Actes du colloque international qui eut lieu 1993 au Cameroun à l'occasion du 5e anniversaire de sa mort, Editions Publi-Sup, Yaoundé, 1994, p. 15.

3. Préface de Senghor au recueil Epitomé, 1963.

4. Les journées Tchicaya, p. 14.

5. Vers de "Noces II", Arc musical précédé de Epitomé, réédition L'Harmattan, 1994, p. 133

6. Idem, p. 37.

lundi 19 avril 2010

Festival Malaki Mâ Kongo à Paris

Samedi 17 avril s'est tenu, à Paris, un festival dénommé "Malaki Mâ Kongo". C'était dans la Salle Olympe de Gouges, 16 Rue Merlin, Métro Père Lachaise. Lorsque j'avais reçu le prospectus annonçant l'événement, j'avais d'emblée été intéressée par le concept : faire connaître ou faire la promotion de la culture congolaise en particulier, africaine en général. C'est ce qu'a rappelé l'organisateur, Monsieur Massengo Ma Mbongolo, dans sa présentation théâtrale du "Malaki" : "transmettre aux petites-enfants de nos petits-enfants ce que les parents de nos parents ont vécu" ; bref connaître nos racines, et il est curieux de voir se dessiner une certaine communauté de racines entre des personnes vivant dans des endroits géographiques éloignés les uns des autres, preuve qu'au départ ces différents peuples, dispersés par les migrations dû à l'esclavage entres autres, n'en étaient qu'un. Le "Malaki Mâ Kongo" vit ainsi dans des territoires comme la Guadeloupe, Haïti, Venezuela, Italie, France et bien sûr le Congo.

Le comédien Kéta Nganga et son groupe.

Je me demandais, en m'y rendant, si le festival serait à la hauteur des idéaux qu'il portait. Aussitôt arrivé, on était accueilli par une ambiance festive accentuée par la présence d'un public important. La salle permettait l'aménagement de plusieurs espaces : un espace accueil-causerie- restauration (congolaise), un espace exposition où on pouvait trouver toutes sortes d'oeuvres littéraires, artistiques, associatives ; et enfin un espace scénique où se sont succédés des comédiens, des membres d'associations, des artistes.

Le critique Noël Kodia, dont le dictionnaire des oeuvres de la littérature congolaise vient de sortir, et le sociologue Gaston Mbemba-Loumahou, qui vient de publier deux nouveaux ouvrages.

Malaki mâ Kongo, c'est, selon les organisateurs, une sorte de "Mbongi". Dans nos villages, le "mbongi" est le lieu où l'on se retrouve pour régler les problèmes. Et il y a urgence à régler les problèmes liés au développement. Plusieurs associations ont présenté des projets intéressants, qu'il s'agisse de l'accession des jeunes à la culture et à l'éducation, l'exploitation des plantes médicinales dans la recherche médicale, la création d'une Banque de la Diaspora africaine pour financer des projets en Afrique ou offrir un service de transfert d'argent à faible coût... On avait l'impression d'une Diaspora qui se met en marche, d'une Afrique vivante, active.

Le Stand de Rhode Makoumbou.

Une Italienne, venue spécialement à Paris pour participer à ce festival, malgré les pertubations aériennes liées au nuage de cendre provoqué par le volcan islandais, a témoigné de son attachement au Malaki : "Nous, en Italie, nous soutenons Malaki Mâ Kongo, car ce n'est pas une idée occidentale, c'est un concept venu de l'Afrique et qui nous permet de connaître l'Afrique vraie, l'Afrique profonde. On connaît très peu l'Afrique". Les images à la télé ne permettent pas de connaître l'Afrique véritable, et le "Malaki Mâ Kongo" était pour elle et les autres Italiens qui font partie de l'association un moyen pour de connaître vraiment l'Afrique...

Liss et Rhode Makoumbou devant une des sculptures de l'artiste. Le thème de la femme est très présent.

Pour moi, ce festival a été l'occasion de revoir avec bonheur des amis, des connaissances, ça été surtout l'occasion de rencontrer Rhodes Bath-Sheba MAKOUMBOU, artiste peintre et sculpteuse, dont je visite de temps en temps le site. Je reçois régulièment des infos liées aux déplacements de l'artiste et plus d'une fois, je me suis dit que c'est un plaisir de voir une jeune femme s'approprier un espace où s'illustrent beaucoup plus la gent masculine. Du talent, de l'audace. La création commence déjà sur la tête de l'artiste, vous pouvez la découvrir sur son site avec différentes coiffures, toutes aussi jolies les unes que les autres.

Je n'ai pu rester au-delà de 20h et ne peut vous parler des concerts qui ont été donnés, mais je trouve que, dans l'ensemble, ce n'était pas mal, et que ce festival gagnerait a être organisé régulièrement.

samedi 17 avril 2010

Aimez ces "R"

Souvenons-nous : il y a deux ans disparaissait Aimé Césaire. Je vous propose le petit texte que j'avais rédigé à l'annonce de sa disparition.


Aimez ces "R"

Aimez ces "R" qui définissent Césaire
Recherche des origines
Retour aux sources
Retour aux origines

Réveil des consciences
Réconciliation
de l'homme noir avec lui-même
de l'homme avec l'homme

Respect de l'autre
Richesse du coeur
Respect des valeurs
Rassemblement : un concept tout Césaire
Césaire était tous ces "R"
Et puisque nous célébrons aujourd'hui
Son Retour au pays natal
Le pays originel : la terre
Nous lui souhaitons un dernier "R"
Celui de la Récolte
des témoignages d'amitié, d'estime, de respect
pour un homme qui aura marqué l'histoire

Aimez Césaire qui était tous ces "R"


17 avril 2008

mardi 13 avril 2010

Un homme ivre de livres au salon du livre

Connaissez-vous Léopold Pindy Mamonsono ? C’est une figure essentielle du paysage littéraire congolais. Longtemps Président des Ecrivains Congolais (il l’est toujours), il était aussi celui des écrivains en herbe. Encourageant les jeunes talents, prodiguant ses conseils avisés et mettant à disposition sa riche bibliothèque, qui a brûlé dernièrement (ou a été brûlée ?), il nous faisait comprendre que la maturité de notre plume irait de pair avec la multiplicité et la diversité de nos lectures.

Combien étions-nous (étudiants pour la plupart) à nous retrouver chez lui, un après-midi par semaine ? Nous prenions possession de la cour, disposions des sièges ainsi qu’une tribune où, à tour de rôle, nous lisions nos poèmes et nouvelles, qui faisaient ensuite l’objet de discussions enflammées : forme et fond, points positifs, points négatifs, point de complaisance ! Libre ensuite à l’auteur du texte de prendre ou non en compte les remarques de ses camarades.

Nous avions également le privilège de rencontrer des personnalités littéraires ou culturelles de notre pays et d’ailleurs, que Léopold Pindy Mamonsono invitait régulièrement pour notre plus grand plaisir.

Au fil des mois, nous devînmes en quelque sorte sa ‘‘troupe’’ de comédiens, ses hommes d’action. Avait-il une idée de spectacle à monter autour d’un auteur, d’un thème ? Il pouvait compter sur nous, nous étions disponibles. Avait-il une émission télé à enregistrer, notamment l’émission littéraire « Autopsie » ? Il ne se faisait pas de souci quant aux participants à cette émission : nous étions là. Léopold Pindy Mamonsono aimait travailler avec les jeunes, non seulement parce qu’il avait conscience que cette jeunesse, la relève de demain, avait besoin d’être formée, mais aussi parce qu’avec eux, point de rivalités ni de discussions pour faire le travail demandé. C’était une belle collaboration, un échange d’expériences, de connaissances et de savoir-faire enrichissant.

Je me souviens qu’au début, il avait du mal à retenir « Liss », il commençait toujours par dire « Lous » (sans doute à cause de mon nom de jeune fille « Lounda ») avant de se reprendre et prononcer correctement « Liss ». Il y a de ces souvenirs qui répandent dans votre présent un bien-être indicible. Je repense avec bonheur à ces moments que nous avons passés ensemble, à cette période de ma vie, très belle. Je crois que c’est aussi le cas pour tous les jeunes qui ont fait partie de ce groupe, le ''club Autopsie'' (du même nom que l’émission télé), où on autopsiait la chose littéraire.

Je suis reconnaissante à Monsieur Pindy Mamonsono de nous avoir donné un espace où nous pouvions nous livrer à une débauche de lectures, où nous pouvions donner vie à nos envies d’écriture, et pour des jeunes avides de fête et de vie, ça compte d’avoir un endroit où s’éclater !

J’ai eu la joie de le revoir au salon du livre de Paris, où il est venu en délégation avec le ministre congolais de la culture, pour représenter notre cher Congo à ce salon. C’est toujours le même homme, avec quelques années en plus, certes, mais toujours la même vivacité de l’esprit ! Il a bien voulu répondre à quelques questions.

Avant de vous présenter cette petite interview, je ne résiste pas à la tentation de publier un extrait du mail qu'il m'a envoyé, rentré au pays, car il donne une idée de la relation paternelle qu'il avait avec nous :
"Dans l'euphorie de nos chaudes et éphémères retrouvailles au Salon du Livre, j'avais oublié le sacrifice fait par la mère que tu étais devenue, pour ne revoir que la jeune fille que je connaissais, il ya plus de treize ans à Brazza. Que veux tu ? Tu pardonneras ce travers au jeune vieux que je suis en train de devenir, mais toujours littérairement alerte, car le livre et la littérature, c'est un peu ma vie et ma passion première. Et c'est justement cette Passion partagée que je crois avoir réussi à semer parmi les jeunes du"Club Autopsie" qui, pour moi, doit demeurer éternel où que se trouvent ses membres, par la création, l'édition de livres, les clubs de discussions et d'éhanges, mais aussi le journalisme-y compris en ligne qui est le prolongement et le courronnement de la mission éternelle du Club Autopsie, surtout pour toi qui étais, au milieu de tant de garçons, la fine fleur qui a résisté à toutes les tentations (et j'en sais quelque chose), même de loin - tu vois que les vieux lions et sages voient tout, même sans le dire - l'expérience étant la meilleure école de la vie, jamais les théories. Et je suis plus que comblé en vous voyant produire et publiés. C'est comme un Père avec ses Enfants, ou un Semeur plus qu'heureux."

INTERVIEW

Léopold Pindy mamonsono, nous vous avons connu Président des Ecrivains Congolais, animateur de l'émission littéraire "Autopsie" sur Télé-Congo, organisateur de manifestations culturelles entre autres, ces fonctions ont-elles changé ?

Oui, il faut savoir que tout en gardant mes charges de Président de l'Union des Ecrivains que personne ne m'a enlevé depuis 1988, malgré un passage à vide lorsque je me suis retiré aux Etats-Unis et à Paris et Lyon après les deux guerres que Brazza a connu, après aussi l'incendie qui avait ravagé ma maison avec son énorme bibliothèque de près de 16000 volumes de livres ; après avoir reçu le Grand Prix Littéraire National à Moi attribué en Avril 2008, au Palais des Congrès par Le Groupe GPY(Groupe Plela Yombo), organisateur de beaucoup d'évènements Culturels au plan National-dont "LA NUIT DU CONGO" à PARIS-ALGER-TANGER et bientôt A JOHANESBOURGH (une Reconnaissance jugée tardive par beaucoup, mais ne dit-on pas qu'il vaut mieux tard que jamais?), j'ai été nommé depuis Mai 2008 Conseiller en charge des Lettres, de la Vulgarisation, de la Diffusion littéraire ainsi que de L'Edition auprès du Ministre de la Culture du Congo. C'est donc dans le cadre normal de mes fonctions officielles que j'étais venu spécialement prendre part à ce 30è Salon du Livre de Paris - dont je me crois en droit de rappeller que c'est nous, les Ecrivains Africains Francophones, venus d'Afrique qui avions sécrété ce Salon, par nos critiques à l'endroit de la France, face au vide sur ce secteur, lors de la 32ème Foire du Livre de FranckFort en 1980. Je conduisais officiellement une Délégation d'Ecrivains Congolais, composée alors de Sony Labou Tansi (qui venait de sortir La Vie et Demie au Seuil), Tchicaya U'Tamsi etc... C'était en 1980 et en 1981, le Salon du Livre de Paris a commencé. J'étais dans mes charges de Jeune Président de L'Union des Ecrivains Congolais (U.E.C.) Voilà l'histoire, voilà la pure Vérité.

Pour ce qui est de la très célèbre émission Autopsie, qui a été pendant près de 25 ans le lieu de Production, de Découverte et de Lancement littéraire de plusieurs jeunes Ecrivains d'alors (je veux parler de Caya Makhélé, Marie-Léontine Tsibinda, Jean-Blaise Bilombo, Joseph Diob Kegni, Emmanuel Eta-Onka et bien sûr Noël KODIA et j'en passe...) J'avais momentanément interrompu cette belle émission il y a quelques années (2005) pour aller créer un Parti Politique (le PUR : Parti pour l'Unité et la Remaissance), car je sentais mon pays sclérosé et divisé mentalement, voire psychologiquement après la guerre de 1997-1998. Mais j'ai vite déchanté en découvrant le côté carnassier de cet univers de "chats et de lions". Alors, chassez le naturel, il revient au galop ; je suis reparti vers ma passion première pour continuer à créer et à servir de rampe de lancement aux jeunes écrivains et autres hommes de culture, qui me font encore confiance, malgré la précarité des moyens de bord. Et j'ai créé, en plein Coeur de Brazzaville la Verte, le premier Centre Culturel Congolais, dont le Siège, amélioré, demeure là où se réunissait Le Club AUTOPSIE, avec une bibliothèque ouverte, des photos des auteurs Congolais, des tables et chaises en plastique, des cellules de discussions et d'échanges, une Maison d'édition "Les Editions Héros dans l'Ombre" avec un service de diffusion ves les USA , la France et les autres Pays Africains.

Le Centre Culturel Congolais va bientôt relancer son Site internet et un Blog entre ses Membres (dont j'espère que tous les anciens autopsiens) sont d'office Membres de droit. En même temps, les 3CCC(le Centre Culturels Congolais),organise periodiquement des Séances de Sortie et de Présentation Solennelle de tout nouveau Livre d'auteur, même non produit par nos Editions.Enfin last and not the least, à la demande pressente de beaucoup d'admirateurs, j'envisage la reprise, production et animation de l'émission "Autopsie", pour redonner espoir aux jeunes auteurs, non riches et non ministres, dont on ne parle presque pas du tout sur notre chaîne nationale, soit parcequ'ils n'ont pas d'argent, soit parcequ'ils ne sont pas récipiendaires des prix Renaudot ou des Cinq Continents, créés depuis Paris pour récompenser toujours les Ecrivains de la Diaspora, comme pour nous donner toujours l'ancienne métropole comme exemple et miroir aux allouettes à suivre pour les jeunes Africains. Moi je fais partie des Ecrivains enracinés au Terroir, qui revendiquent leur Congolité avec toutes ses plaies et sa crasse, mais aussi avec ses formidfables élans de Générosité, et qui entends faire perdurer l'Espérance en une Afrique capable de s'auto-parfaire, en luttant de l'intérieur ensemble avec ceux de l'extérieur, sans angélisme ni complexe d'où qu'ils viennent. Après tout les Shakespeare, Baudelaire, Mandela et tant d'auteurs n'ont-ils pas été connus depuis chez eux?

Vous vous étiez lancé dans l'édition, en créant les Editions Héros dans l'ombre, comment se portent-elles ?

Les Editions Héros dans l'Ombre avaient pour but essentiel de relever le défi de démontrer qu'à l'instar du Cameroun, du Sénégal, de l'ex Zaïre, de l'Angola etc., on pouvait (malgré la précarité des moyens) lancer une tentative réussie d'édition d'ouvrages scolaires et littéraires à partir de Brazzaville. Il faut se rappeller que j'étais Directeur de la Revue l'Ecole du peuple à L'INRAP(l'institut Ntaional de Recherches et d'Action Pédagogiques) sous l'ancien Ministre Antoine N'DINGA OBA, et que beaucoup d'auteurs Congolais au pays ont été lancés avec plus ou moins de bonheur par Les Editions Héros dans L'Ombre (Henri Djombo, Jean-François Obembé, Raymond Ibata, Frédéric Ganga, Pr Sekou-Traoré entre autres) C'est pas beaucoup connu, mais Les Editions Héros dans L'Ombre, continuent leur petit bonhomme de chemin. Et je suis fier de dire, malgré nos manquement dûs aux nécessaire démarrage d'une oeuvre passionnelle, sans formation préalable et sans intervention ni aide de l'Etat, que depuis 1980, date de son lancement, Héros dans l'Ombre a publié plus de 64 livres, dont des Tchadiens, des Camerounais et des Congolais de la diaspora. Et malgré nos imperfections, ici aussi je suis content de voir que Héros dans l'Ombre a fait des mules, nous ne sommes plus seuls sur place : A présent existent d'autres maisons d'Editions aux Promoteurs plus politiquement friqués et une ou deux autres plus modestes dont je tairais les noms pour ne pas leur faire une propagande gratuite, mais l'aventure continue et continuera, tant que je vivrai.

Tenir une maison d'Edition en Afrique, est-ce facile ? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Non, il nest pas facile de tenir une maison d'édition en Afrique. La plupart de temps, les éditeurs africains sont confrontés à la difficulté de la matière(papiers-encreetc...)mais aussi du manque de formation des agents oeuvrant au sein des maisons d'éditions. Pour le cas queje conais au Congo,en RDC et autres, beaucoup de publications se font (un peu comme parfois en France), avec la contribution financiaire des auteurs - ce qui n'enlève rien du tout au mérite des manuscrits publiés.

De nombreux étudiants ont profité de votre expérience et surtout de votre bibliothèque qui a brûlé (ou a été brûlée ?) dernièrement. Comment avez-vous vécu ce drame ? Avez-vous réussi à la reconstituer en partie ?

Mon domicile avait été le 18 Mars 2008, de 10h à 15 heures 20, ravagé par un terrible incendie qui m'avait laissé éploré et ahuri. Pendant près de 3 mois, j'ai appris à être un SDF, dans mon propre pays. Puis j'ai décidé de relever de la tête pour ne pas tomber dans le pessimisme, le laisser-aller ou l'afro-pessimisme. J'ai décidé, grâce à l'aide d'une Chaîne de Télévision "La DRTV-ezt" notamment tout une équipe de jeunes journalistes courageux, de lancer un SOS à l'opinion Nationale et Internationale.
Curieusement l'Etat que je sers depuis bientôt 40 ans ne m'est pas venu au secours, seules quelques personnes de volonté, parmi lesquels il faut signaler Madame Bélinda Ayessa, directrice du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, mais surtout le jeune et dynamique DJO WASHINGTON EBINA, avec sa FONDATION EBINA, m'étaient vraiment venus en aide, d'abord en me logeant moi et ma famille dans leur hôtel pendant près d' un mois, en même temps qu'il (DJO et LA FONDATION EBINA), réhabilitait ma maison en refaisant tout ce qui avait été détruit (portes, fenêtres, tapis, peinture) à l'exception de la bibliothèque, des lits... Mention spéciale donc à l'initiative de ce dynamique fils Ebina dont la Fondation est en train de réussir des actions de choc sur le plan social au Congo.
Merci aussi à toi LISS qui depuis Paris et en passant par ta maman m'a envoyé 2 livres pour la bibliothèque, merci aussi à mes frères et soeurs de sang qui, tous solidaires, ne m'avaient pas laissé tomber, je sauraii le moment venu le leur rendre en tant que Double Patriarche d'une Noble famille d'anciens Combatants Français : la famille PINDY. Je dois à la vérité de reconnaître du côté des Ecrivains que seul Taty LOUTARD et mon ami Jean-François OBEMBE, avaient accouru à mon chevet. Quant aux autres, soit qu'ils se sont moqués, soit qu'ils ont versé des larmes de crocodiles, en se disant bah ! çà n'arrive qu'aux autres.

Je lance et continuerai à lancer un SOS, pour que des Association Françaises ou Européennes, nous envoient des Livres (tous genres confondus), mais aussi des PC (Ordinateurs) même de 2è ou 3e génération, pour que les Ecrivains et Etudianrts Congolais, qui fréquentent et Viennent lire gracieusement au Centre Culturel Congolais aient assez d'outils de travail, pour leurs recherches, mais aussi pour aprendre à saisir leurs manusucrits.

Vos projets pour l'avenir ?
La continuité du Centre Culturel Congolais, comme lieu d'échanges et de contacts des Ecrivains Congolais du Congo et de la Diaspora. La mise sur pied très prochainement du Site et du Blog du Centre. La Publication très prochaine de plus d'une dizaine de mes propres Livres. La relance de L'Emission AUTOPSIE (pour libérer les énergie créatrices de ceux que l'on veut faire taire ou oublier ) Ouf ! c'est long, mais j'espère en tous cas que tu feras l'écho de ce cri du coeur et aideras du mieux que tu fais à trouver au moins un Début de Solution à tous ces Défis Congolais.

Je pleure, j'enrage, je suis mal !

Je pleure, j’enrage, je suis mal ! Depuis près de deux semaines, je suis coupée de mes amis, on m’a coupé un membre, on m’a coupé les vivres, un virus m’a coupé toute possibilité de me connecter à Internet, de me connecter à mon ordinateur tout simplement. Vivre sans Internet aujourd’hui, est-ce possible ? Vivre sans ordinateur, est-ce envisageable ? Je crois que non, on ne peut plus s’en passer, JE ne peux plus m’en passer. Comment se priver de ces petites visites amicales entre blogueurs, de ce petit tour quotidien des blogs amis pour prendre la température de leurs lectures du moment ? Je n’ai pu venir vous faire une petite visite tranquille ces jours-ci, je n’ai pu poster quoi que ce soit, alors que j’avais des choses à partager avec vous.
Je suis donc à la rue depuis deux semaines… sans autre solution que de squatter un poste au travail, pour consulter mes mails ni vu ni connu. Et pour poster un article ni vu ni connu, comment faire ? Je vais devoir aller squatter chez un ami !
Ames généreuses, prêtez-moi un ordi, prêtez-moi un abri… de rencontre avec les amis.