dimanche 10 août 2008

Roméo et Juliette, de Shakespeare

Roméo et Juliette, l’histoire est universellement connue. Mais combien comme moi la connaissaient sans vraiment l’avoir lue ? Entendre l’écho, est-ce entendre la voix ? Connaître l’air est-ce connaître les paroles ? Il vaut mieux se laisser habiter par les paroles, les laisser vous porter, vous traverser, vous encercler, vous délivrer. Oui, c’est autre chose d’entrer au cœur du texte plutôt que de regarder uniquement à travers la fenêtre. La grandeur, l’humour, le tragique lustrent toutes choses dans cette tragédie shakespearienne.

Pourquoi pas un résumé de l’histoire pour ceux qui le souhaitent ?

Les Montaigu sont depuis toujours ennemis des Capulet. Que ce soient les membres de la famille ou bien les personnes attachées à leur service, les uns ne peuvent être en présence des autres sans que cela ne dégénère en affrontement parfois sanglant. Cependant le fils des Montaigu, Roméo, et la fille des Capulet, Juliette, tombent amoureux l’un de l’autre. Ils s’aiment et se marient en cachette, aidés par un homme de Dieu, le frère Laurent, qui voit en leur union la possible réconciliation des deux familles.
De son côté le père de Juliette accorde sa main à un riche parti de la ville, le gentilhomme Paris. Le mariage doit être célébré dans quelques jours. Juliette est au comble du désespoir, surtout lorsqu’elle apprend que Roméo a été banni de la ville car il a malgré lui versé le sang d’un Capulet, alors qu’il voulait rétablir la paix entre les gens de leurs deux maisons.
Pour ne pas irriter son père et rester malgré tout fidèle à son amour, Juliette accepte le plan du frère Laurent : prendre un breuvage qui la fera passer pour morte, puis alors qu’elle sera mise dans le caveau familial, être délivrée par Roméo, qui aura été secrètement averti par un messager. Tous deux pourraient alors aller vivre leur amour dans le plus grand secret et surtout loin de leurs familles incapables de se supporter.

Juliette est donc apparemment morte. Devant Paris, Capulet se lamente :

Ô mon fils, la nuit d’avant ton mariage,
L’Ange de la mort a couché
Avec ta femme. Elle est là, gisante,
Cette fleur qu’elle était, il l’a déflorée,
L’Ange de la mort est mon gendre, mon héritier,
Le mari de ma fille ! Je veux mourir,
Lui laissant tout : ma vie, mon train de vie,
Que tout aille à la mort !
(acte IV, scène V)

On la met dans le caveau. Malgré sa secrète espérance, le lecteur sait que l’adversité va se dresser de façon impitoyable et empêcher les prévisions humaines de se réaliser. Le messager envoyé par le frère Laurent pour avertir Roméo des événements n’a pu accomplir sa mission. Roméo par contre apprend la mort de Juliette par un fidèle serviteur. Il décide de la rejoindre dans l’au-delà en prenant du poison, de préférence dans la tombe même de Juliette, près de laquelle veille Paris, l’infortuné prétendant. Les deux hommes se battent, Roméo tue Paris avant de boire son poison sur le sein de Juliette. C’est alors que celle-ci s’éveille de son long sommeil.

Qu’est ceci ? Une coupe, serrée
Entre les doigts de mon fidèle amour !
C’est le poison, je vois, qui l’a fait mourir
Si prématurément ! Tu as tout bu, avare,
Tu ne m’as pas laissé une goutte amie
Pour m’aider à venir auprès de toi ?
Mais je te baiserai les lèvres. Il se peut bien
Qu’elles soient humectées d’assez de poison encore
Pour que je puisse mourir de ce cordial.
(Acte V, scène III)

Le texte, comme je l’ai dit, a cette grandeur et cette puissance de la tragédie classique. Et c’est surtout une œuvre qui fait triompher l’amour sur la haine. L’endurcissement, l’entêtement des familles respectives a bien été vaincu face à la pureté des sentiments des deux jeunes gens, sacrifiés non par des dieux en colère comme dans la tragédie grecque, mais par les humains eux-mêmes.

L’homme bien sûr ne maîtrise pas son destin, mais combien, bien souvent, nous nous acharnons nous-mêmes à compliquer les choses, à créer une sorte de fatalité alors que nous aurions pu goûter à la joie du désir accompli ? Pour Roméo et Juliette, leur bonheur est complet, et s’accomplit jusque dans la mort. Pour leurs parents, ce n’est qu’après les avoir perdus tous deux qu’ils s’ouvrent à l’amitié. N’attendons pas qu’il soit trop tard pour nous aimer les uns les autres.

2 commentaires:

GANGOUEUS a dit…

Tu t'es attaquée à un gros morceau ;o)
La critique est plus délicate quand le texte est universel. Enfin, il me semble.

J'ai vu l'adaptation cinématographique de ce classique par Baz Lurhmann. Une version modernisée sous forme de comédie musicale. Di Caprio et Claire Danes ont joué les rôles de Roméo et Juliette à une époque contemporaine mais avec les textes originaux de Shakespeare. Je tiens l'interprétation de Léonardo Di Caprio dans ce chef d'oeuvre comme sa meilleure prestation au cinéma, d'une puissance énorme tant dans la charge émotionnelle que dégage certaines scènes clés, que dans la manière dont il fait revivre le texte ancien dans une ambiance décalée.

Liss a dit…

Malheureusement pour moi je n'ai pas vu cette adaptation, je vais voir si elle exite en DVD, car le peu que tu en dis avive mon intérêt.